2Dodge Viper : la fascination du reptile
3Dodge Viper GTS : un coupé encore plus méchant
En janvier 1989, au salon de Détroit, le groupe Chrysler présente un concept car qui laisse les spectateurs pantois. La Dodge Viper RT/10 est un véhicule sans concession dont le nom, la ligne et le caractère évoquent la légendaire AC Cobra, motorisée par Ford. Mais peu importe la filiation, trois décennies après la Cobra, et même trois décennies après le lancement de la Viper, la recette fonctionne toujours !

Je peux vous en parler, car j’y étais ! Je me souviens de cette estrade, du rideau de fumée et de l’apparition du monstre. Un choc ! J’ai par la suite conduit toutes les versions de la Viper, même les modèles de course, et je peux vous dire qu’il n’y a pas d’antidote à sa morsure.
Il est clair qu’aujourd’hui un projet tel que la Viper ne pourrait plus voir le jour (et pas seulement chez Fiat Chrysler Automobiles). Son instigateur récolterait, au mieux, un sourire amusé de la direction de n’importe quel constructeur automobile et plus certainement une jolie chemise avec les manches qui s’attachent dans le dos…

Les designers ont eu carte blanche pour créer l’engin le plus spectaculaire possible. C’est pour cette raison que le pare-brise est minimaliste et qu’aucun toit n’est disponible sur le concept-car

Par chance, Herb Helbig, le responsable du projet Viper (sous l’égide de Bob Lutz), a échappé aux hommes en blanc. Il ne lui faut que 3 ans, avec son équipe, pour extrapoler un modèle de série, presque sans rien changer du concept car ! Dans un laps de temps aussi court, inutile de dire que chacun s’est impliqué totalement. On peut même dire que la Viper a été le moteur de la nouvelle dynamique de Chrysler au début des années 90. Ce projet a constitué un excellent laboratoire d’expérimentation des nouvelles méthodes souhaitées par Lee Iacocca, alors PDG du groupe. C’est par lui que les changements de structure organisationnelle sont apparus ; grâce à lui que la marque a trouvé son nouveau souffle. Allons plus loin : on peut même dire que la Viper a sauvé Chrysler du marasme.

La Dodge Viper est construite à la main !
Et puisque rien ne pouvait décidément être fait comme avant, l’auto va être assemblé selon un processus qu’on pourrait qualifier « d’artisanat du XXIe siècle ». Oublié le travail à la chaîne dans l’usine de New Mack à Détroit où l’on fabrique la voiture à ses débuts.
Les ouvriers sont fiers de la Viper
Un peu à la manière de ce qui se fait encore, à l’époque, chez Aston-Martin, les ouvriers n’effectuent plus des tâches répétitives. Les « artisans de Chrysler » exécutent une séquence entière de montage. Chacun est ainsi responsable de l’ensemble qu’il fabrique. Et chaque artisan est dépendant de l’autre. Il doit savoir ce que fait son voisin, et ne pas seulement s’intéresser à un élément, le quitter et ne plus savoir ce qu’il devient. Cette technique a le mérite de responsabiliser le personnel et d’améliorer sensiblement la qualité finale, ce qui n’était vraiment pas la qualité première des produits du groupe Chrysler à l’époque.

Outre la méthode de travail, on a aussi fait appel à des techniques de production inédites. Ainsi, le châssis en acier tubulaire préformé est composé d’une poutre centrale et de supports latéraux destinés à recevoir les panneaux de carrosserie. Grâce à cette disposition, toutes les interventions sur le châssis sont effectuées avant que ne soit montée la première pièce de carrosserie, ce qui réduit considérablement les risques d’endommagement de celle-ci.
Ensuite, l’habillage est réalisé de l’arrière vers l’avant. Il n’y a pas d’ateliers de peinture, ni de chaînes automatiques de soudure par points, Pas plus que de systèmes de gestion de la production par ordinateur. Bref du fait main !
